Journée du 18 Décembre (part. II)
Donc comme nous vous le disions précédemment, après « l’ascension » de la tête de Balme, nous sommes redescendus pour déjeuner et trouver un endroit propice aux exercices de sauvetage et auto-sauvetage en crevasses. Les conditions d’enneigement ne nous ayant pas permis d’aller sur un glacier.
Petite préparation avant de sortir du télésiège.....
Hervé
Retirage des peaux pour la descente
Après un petit repas rapide, nous voilà à pied d’œuvre au dessus d’un petit pont sous lequel passe une grosse buse (pas l’oiseau hein…. J ) Nous nous mettons dans les mêmes conditions d’encordement que nous retrouverons lors de notre traversée. Plus de 20 mètres entre nous, des nœuds faits régulièrement sur la corde (freinant le passage de celle-ci sur la lèvre de neige et nous évitant ainsi de descendre trop bas), chacun une partie de la corde lovée et libre sur le baudrier pour effectuer les manips, une poulie traction sur le pontet nous reliant à la corde, le nécessaire vital sur le baudrier que l’on doit avoir pour la progression sur glacier (sangles, cordelettes pour autobloquant, mousquetons, bloqueurs tel que le ropeman, tibloc, etc…)
Le premier qui tombera dans le trou sera Fafa. Il progresse confiant, je garde la corde tendue (très important en progression alpine. Cela évite le choc lors de la chute qui serait, de ce fait, plus difficile à retenir. Hervé reste à mes côtés pour me conseiller et me corriger et Sylvain est en bas pour en faire de même avec Fafa. Ce dernier avance droit dans le vide sans aucune hésitation, je ressens une légère traction mais avec la neige molle je ne bouge presque pas. Je me couche directement. Fafa quant à lui touche le sol. Au vu de l’épaisseur de neige, que la corde coupe, le trou manque légèrement de profondeur. Son matériel trempe deux secondes dans l’eau. Une fois sortie, il gèle en deux secondes. Les manipulations sur la corde vont être compliquées. Que cela ne tienne, il en faut plus pour le décourager. Il prend ses sangles durcies et commence son auto-sauvetage. (c.à.d. sa remontée sur corde fixe). Pendant ce temps, j’attaque le travail de sauvetage. D’abord, la mise en place d’un relais avec les skis sous la neige. Je peux ainsi me désolidariser de la cordée et effectuer un mouflage (méthode de démultiplication des forces pour remonter quelqu’un ou quelque chose avec des cordes).
De la gauche vers la droite: Bibi, Hervé, Fafa et Cindy qui filme
Fafa encordé avance pour tomber dans la "crevasse"
Sans aucune hésitation, notre téméraire Fafa réussit admirablement bien sa chute
Après de longues minutes, nous voilà de nouveau réunis. Nous faisons un petit débriefing. Il en ressort que le matériel mécanique (Tibloc et ropeman), une fois gelé, est totalement inefficace. Qu’il nous faut prévoir sur l’ensemble de notre matériel des petits anneaux de cordelettes afin de l’accrocher une fois pendu dans le vide (skis, pelle à neige, etc..). Qu’il faut apporter un soin très particulier à l’amarrage en neige (ski enterrés, ….) quand nous ne pourrons pas mettre de broches à glace. La traction lors du mouflage est tellement forte que le relais peut-être arraché. Qu’il est important de garder la corde tendue car avec l’épaisseur de neige, l’élasticité de la corde, etc.., la chute est déjà assez longue et la remontée difficile. Nous bannissons également de notre matériel le ropeman. Ce dernier est efficace mais terriblement difficile à mettre en œuvre avec de gros gants. Sylvain et Hervé nous apporte quelques précisions. Ils nous donnent de nouveaux conseils et nous repartons pour un tour de manège.
Petit débriefing
Cette fois c’est moi qui chute et Fafa qui m’assure. Nous avons mis un ski dans la lèvre de la neige afin de limiter la découpe de cette dernière par la corde. J’arrive, de ce fait, juste au dessus du sol. Je n’y pose que la main. J’ai donc plus de chance que Fafa et mon matériel n’est pas entré en contact avec l’eau et reste utilisable. Nous faisons nos manipulations plus rapidement et efficacement que la première fois. Mettant à profit ce que nous avons retenu et appris de notre premier « accident » (volontaire J )
Moi-même devant avec Fafa qui m'assure (en plus il assure!!! )
Crevasssssssssseeeeee !!!!!
Il faut l'avoir fait pour s'en rendre compte. La remontée est terriblement éprouvante
Pendant tout ce temps Cindy et Jb nous filment. Leur travail n’est pas facile car ils ne peuvent se réchauffer. Contrairement à nous, ils restent de longs moments immobiles avec leurs caméras. Le froid est cinglant mais ils restent professionnels et stoïques. Félicitations !!!
Cindy et Jb en plein boulot
Nous refaisons un petit débriefing de notre dernière intervention. C’est beaucoup mieux. Maintenant il nous faudra la travailler régulièrement. Nous devrons la connaitre sur le bout des doigts afin d’être capable de la restituer dans le stress, le froid, la fatigue et peut-être la peur…. La place du cognitif doit être minime, nous devons pouvoir agir par automatisme.
Nous redescendons doucement par les pistes pour rejoindre notre véhicule. Nous nous déséquipons et rentrons heureux sur Chamonix. La journée a été superbe et productive. Le ciel nous gratifie d'un joli sourire :)
On dirait un joli sourire n'est-ce pas!?
La partie sur le terrain est terminée pour aujourd'hui. Il nous reste encore un peu de boulot (plus théorique) avant de nous coucher.
Je vous en parle prochainement.
Fafa et moi on vous fait une biz
A bientôt et faites circuler le Blog J
Fafa et Tof